Les enjeux de l’hydraulique agricole ont toujours existé mais sont amplifiés avec la contrainte sur la ressource. Dans notre région, les territoires et les acteurs très variés, ce qui se formalise par un hydraulique agricole à plusieurs visages et plusieurs vitesses.
Certains de ces enjeux sont d’ailleurs bien identifiés dans le SRADDET : notamment ceux sur la protection des zones disposant d’un potentiel d’irrigation. La règle LD2-OBJ49 A du SRADDET se fixe comme objectif « d’éviter l’ouverture à l’urbanisation et le déclassement des surfaces agricoles équipées à l’irrigation pour atteindre zéro perte de surfaces agricoles équipées à l’irrigation à l’horizon 2030 ». Cette règle préconise de protéger les espaces agricoles avec un fort potentiel agronomique, irrigués ou bénéficiant d’un SIQO.
Cette thématique étant depuis de nombreuses années, suivie et promue par le Service Eaux, Risques et Milieux aquatique, nous ne partons pas de rien.
Le projet de la BD HYDRA a été conçu et initié en 2001 par la Chambre Régionale d’Agriculture, les services Analyse Spatiale et Hydraulique de la Région, la délégation de l’Agence de l’Eau de Marseille, la DRAAF et la Société du Canal de Provence. Le programme a démarré en 2002 sur la durée du Contrat de Projet Etat Région 2000-2006.
La BD HYDRA a été créé pour être un outil partagé et ouvert, qui mobilise et structure un ensemble de données relatives à l’ensemble des réseaux d’hydraulique agricole dans une banque régionale mise à jour en permanence, interrogeable par l’ensemble des ‘‘acteurs de l’eau’’ en région. Ainsi organisées, les informations recueillies permettent :
- d’appréhender l’impact global des réseaux sur le territoire dans un objectif de prospection et de planification,
- de répondre aux besoins de maintien et de gestion des réseaux aux échelons régional et locaux conformément aux objectifs du Contrat de Projet Etat-Région
- de mieux évaluer l’impact territorial des politiques mises en œuvre.
Les niveaux d’intervention techniques et financiers ont fait l’objet d’une convention de constitution pour l’ensemble des partenaires (Agence de l’eau RMC, Conseil Régional, Etat (Europe : FEDER), Société du Canal de Provence et Chambre Régionale d’Agriculture) qui ont défini le rôle de chaque partenaire et le cahier des charges de la base de données.
La collecte des informations sur le terrain a été assuré par l’ensemble des Chambres Départementales d’Agriculture et fédérations départementales d’ASA. Elles ont renseigné la base de données directement via le site Internet au 1/25 000ème.
La base de données HYDRA renseigne sur :
- Les périmètres des structures de gestion.
- Les canaux d’irrigation gravitaire.
- Les ouvrages d’art d’irrigation gravitaire.
- Les réseaux d’irrigation sous pression.
- Les ouvrages d’art des réseaux sous pression.
- Les prises d’eau.
- Les points de rejet d’eau.
- Les stations de mesure des volumes prélevés.
- Les stations de pompage.
- Les zones de travaux.
Avec la base de données HYDRA, on peut connaître toutes les caractéristiques techniques et administratives d’une structure de gestion d’hydraulique agricole.
Les étapes passées
- En 2003, la première base est sortie ainsi que le site internet.
- En 2012, la première diffusion de la base de données
- En 2015 : mise à jour partielle de la base de données
Les difficultés rencontrées : faire accepter la donnée qui est une donnée sur l’usage de l’eau, ce qui engendre le problème d’adhésion à cet outil et à sa mise à jour.
Les évolutions à venir
La donnée doit aujourd’hui évoluer tant dans son modèle, que dans son mode de mise à jour ainsi que les acteurs associés, pour répondre aux enjeux renouvelés sur la gestion de la ressource en eau. Certains de ces enjeux sont d’ailleurs bien identifiés dans le SRADDET, notamment ceux sur la protection des zones disposant d’un potentiel d’irrigation.
Dans le cadre du partenariat renouvelé entre la Région et le CRIGE, l’objectif poursuivi en 2024 est d’engager un audit de la donnée, prévoir les phases de sa mise à jour collaborative pour maintenir l’information, avant d’envisager la production d’outils de visualisation de l’information et d’analyse.
La communauté d’acteurs réunis formulera ses priorités pour évoluer collectivement sur le sujet.
Des liens peuvent être imaginés avec plusieurs projets au niveau national dans le cadre de la fabrique des géocommuns de l’IGN, notamment celui portant sur la cartographie des zones irriguées, menée également par le CRIGE : Hydr’eau.
La Région Sud est intéressée par une cartographie exhaustive et à jour des zones irrigables et irriguées (référentiel hydraulique agricole).
- Que représentent les zones irrigables et irriguées à l'échelle régionale en volumétrie ?
- Comment sont-elles définies ?
- Qui les produit, les valide et les assemble ?
- Qui les porte à connaissance ?
Pour la Région, l'usage prioritaire de données fiables et fraîches sur l'hydraulique agricole régionale est lié à la mise en œuvre du SRADDET, notamment à sa territorialisation et sa traduction dans les SCOT et les PLU (à la parcelle).
Elle a besoin de données pour faire un suivi et une évaluation de la mesure de préservation du potentiel de production agricole et notamment de la règle 49A qui prévoit "zéro perte de surface agricole équipée à l'irrigation" (équipements collectifs uniquement hors forages). Il faut éviter l’urbanisation sur les surfaces agricoles équipées avec irrigation avec objectif d’atteindre le « zéro perte » à l’horizon 2030 (principe d’application du principe Eviter/réduire/compenser).
Les données sont également intéressantes dans le cadre de la mise en œuvre du plan climat régional pour l'équipement de nouvelles zones à l'irrigation. Ces nouvelles surfaces doivent entrer dans le jeu de la règle 49B du SRADDET et ne doivent pas venir compenser les surfaces irriguées perdues par ailleurs.